Elle se l’était juré avant d’arriver. Pourtant, cinq minutes après avoir mis les pieds dans la boîte, elle avait craqué.
Direct.
Elle n’avait même pas eu le temps d’éprouver de honte ou de culpabilité.
Plus rien ne comptait, à part consommer.
Trouver quelqu’un pour lui fournir un précieux cachet.
Faire le tour de la boîte. Interpeller toutes les personnes qui avaient l’air allumées. Leur demander si elles n’avaient pas une piste ou un truc qui traîne dans les poches. Changer. Virevolter. Fureter.
Elle s’était fait un copain dans sa quête de pilule estampillée. Un gars qui, comme elle, était désespéré.
Un esprit de camaraderie s’était tissé entre les deux, immédiatement, l’un comme l’autre connaissant pertinemment ce sentiment qui les propulsait.
Iels finirent par trouver.
Il y a toujours quelqu’un pour profiter des camés. Un cacheton. Prix flambé. Divisé en deux. Avalé dans les WC.
Mission terminée.
Elle se voyait.
Complètement défoncée.
Les mains sur les joues. En train de divaguer devant les enceintes. Heureuse. Tellement déconnectée de son corps. De son esprit. De sa pensée.
Jusqu’à ce que la soif se fasse ressentir. Des verres et des verres d’eau au bar. Pour rapidement la régurgiter dans un évier. La panique ensuite. L’hyper-stimulation. La sensation que les vibrations lui entraient par les orifices pour rester emprisonnées juste sous sa peau. Y fourmiller, y rebondir, tenter de la percer sans succès.
Après le toucher des gens, ce fut leurs paroles qui la firent fuir. Incapable de leur répondre, ni de leur expliquer, elle sort en courant.
Prend la porte du hangar. Tattone frénétiquement pour trouver l’ouverture.
Dépasse le vigile et les fêtards, ignore son compagnon de quête qui - dehors en train de fumer sa clope - l’interpelle tout sourire -, et s’assied sur le trottoir. Dans le froid de décembre, elle remercie son débardeur qui permet aux flocons de lentement se déposer sur ses épaules.
À leur contact, le tourbillon des ondes électromagnétiques s’éteint.
Tout va mieux.
Lorsque ses ami•es la retrouvent quelques minutes plus tard, sur son bord de trottoir, elle les rassure. Prête à rentrer.
Le lendemain,
est différent.
Elle se sent… comme en flottement. Puis elle disparaît.
Conscience remplacée.
Noir.
Éclair de lumière. Elle entraperçoit une falaise.
Au-dessus des nuages. Les pieds posés sur de l’herbe. Des chaussures de randonnée bien lacées. Le précipice est trop près… je vais … m’y jeter ..?
RECULE !
Noir.
Elle revient, dans un train. Il fait nuit. Elle cherche des indices, tourne la tête autour.
Elle cherche à repérer son environnement. Dans le reflet sombre de la fenêtre de l’allée voisine, elle voit quelqu’un qui la regarde. Qui reproduit ses gestes. La bouche entrouverte. Ferme-la. Elle est fermée. Des émotions contradictoires passent dans ses yeux. Mes yeux. Les miens ? Pourquoi je ne la reconnais pas ?
Cette personne…
CE N’EST PAS MOI !
Elle est un il.
Et sur ses lèvres s’esquisse doucement un sourire.
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