Bonjour Nuage
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comment expliquer l'état du féminisme d'aujourd'hui ?
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comment expliquer l'état du féminisme d'aujourd'hui ?

Histoire du féminisme et essai -

Script de l’audio :

Le manifeste Femelliste fait allusion aux Suffragettes. Ce “premier” mouvement féministe est souvent brandi comme un étendard par ces “féministes” (on se souvient du débat de Dora Moutot avec Marie Cau - passage de l’extrait).

Sauf que Suffragettes … c’était un féminisme blanc et raciste.

Cet attachement au passé est une valeur que l’on retrouve chez d’autres courants politiques avec lesquels elles sont potes d’ailleurs : extrême-droite.

Vagues féministes. Aujourd’hui on est dans la 4ème voir 5ème vague.

Si il ya encore quelques années, on attachait au mot “féministe” de nombreux qualificatifs négatifs. Personne ne voulait se dire “féministe”. Aujourd’hui c’est l’opposé. Et, en même temps, ce terme est devenu un fourre-tout. Il y a comme une déconnexion et une vision différente du féminisme entre les générations, mais aussi entre différents groupes sociaux : race, orientation sexuelle, genre, classe, handicap etc.

DISCLAIMER * L’objectif de ce vidéo essai n’est pas d’expliquer pourquoi le féminisme et les luttes pour les droits des femmes sont nécessaires. Je pense que ce n’est pas à prouver. D’un point de vue Français (violences, féminicides, différences salariales, sexisme et misogynie, etc.), comme d’un point de vue mondial (violences, mutilations génitales, autorisation du viol conjugal, mariage d’enfants, femmes de confort en cas de guerres etc.). L’objectif ici est de re situer l’histoire du féminisme pour mieux comprendre où l’on en est aujourd’hui et où est-ce que l’on souhaite aller.

Retour donc sur l’histoire du féminisme pour y voir plus clair.

Le féminisme c’est quoi ?

Le site Oxfam France définit le féminisme comme : « un ensemble de mouvements et d’idées philosophiques qui partagent un but commun : définir, promouvoir et atteindre l’égalité politique, économique, culturelle, sociale et juridique entre les femmes et les hommes. »

Ou encore, on le décrit également comme « un mouvement pour l’égalité des droits juridiques, politiques, sociaux et économiques entre les femmes et les hommes » ; ou comme un « mouvement militant pour l’amélioration et l’extension du rôle et des droits des femmes dans la société ». Il a pour objectif de promouvoir le mieux vivre-ensemble, à travers l’égalité entre les femmes et les hommes.

Sur Wikipedia, il est dit que le féminisme commence en France dans la seconde partie du XIX avec Alexandre Dumas fils.

Bon, ça m’énerve quelque peu car on retrace surtout cela à Olympe de Gouges traditionnellement. Et qu’il serait donc bien de ne pas invisibiliser les femmes par un homme dans leur propre combat.

Olympe de Gouges est considérée comme l’une des pionnières du féminisme français car elle a rédigé la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, deux ans après la proclamation des Droits de l’homme et du citoyen de 1789 (la Révolution Française).

Dedans, elle demande plus d’égalité avec les hommes, et en profite pour demander le droit au divorce ou encore la création de maternités. Elle passe à l’Assemblée mais elle dérange trop certains hommes haut placés et est donc arrêtée puis guillotinée en 1793 donc 2 ans après sa Déclaration.

Précision suite à une de vos remarques : Olympe de Gouges n’a pas été guillotinée seulement pour ces idées même si cela y a contribué. Elle fut guillotinée car elle était contre la peine de mort et qu’elle a défendu le Roi pendant son procès. De plus, elle ne demandait pas l’égalité totale puisqu’elle s’oppose au droit d’entrer à la garde Nationale pour les femmes, et donc de porter des armes.

Olympe de Gouges donc à la fin du XVIIIème siècle en France. Et plus largement en Europe.

On sait malgré tout qu’il y avait des auteurs et autrices qui discutaient de la place de la femme dans la société déjà au Moyen-Âge, même si c’était moins prévalent - ou en tout cas que l’on a moins de visibilité dessus -.

Vous noterez que je parle ici de féminisme en France, et plus largement ensuite d’Occident.

Tout simplement car l’Occident a colonisé la quasi-intégralité du reste du monde : Amérique, Afrique, et une partie de l’Asie. Et de ce fait, a éradiqué la culture de ces peuples colonisés pour les forcer à adopter leur façon de faire et leur type de société. C’est ce que R. Kipling a appelé le “fardeau de l’homme blanc”. C’était un acte dit “civilisationnel” : il s’agissait de calquer la civilisation européenne occidentale sur ces peuples. De les forcer à l’adopter, par la force et le lavage de cerveau sur plusieurs générations.

Avant, il y avait des sociétés matriarcales en Afrique par exemple, on sait que les femmes pouvaient régner, qu’elles héritaient au même titre que les hommes, que la polyandrie et la polygamie étaient acceptée chez certaines ethnies, tout comme la bisexualité et les transidentités d’ailleurs, etc.

Mais je pourrais vous en parler une autre fois en détails.

Là, je vous dis cela pour que vous compreniez pourquoi je parle d’un point de vue Occidental. Tout simplement car maintenant c’est devenu la norme imposée partout. Et donc, que le féminisme occidental est celui qui tend à être imposé partout dans le monde : mais on parlera en détail du féminisme civilisationnel plus tard.

Lorsque l’on parle de mouvements, de luttes et de combats féministes on parle de “vagues”. L’historienne Bibia Pavard écrit dans : Faire naître et mourir les vagues : comment s’écrit l’histoire des féminismes (openedition.org)  : « La métaphore marine s’est désormais imposée pour distinguer une première vague féministe se déployant du XIXe siècle aux années 1930 autour de la question des droits civils et civiques, d’une deuxième vague émergeant dans les années 1960 davantage centrée sur la lutte des femmes contre le patriarcat et pour les libertés. Cette métaphore a été réactivée alors que l’on parle depuis les années 1990 d’une troisième vague et même plus récemment d’une quatrième vague depuis les années 2010 qui serait portée par l’activisme en ligne ».

Et comme j’ai dit, ces vagues sont les vagues occidentales. Certain-es militant-es réfutent ce terme car il est de fait excluant car occidentalo-centré, vous avez compris pourquoi je vais l’utiliser ici et me concentrer sur “les vagues féministes” occidentales.

1ère vague

Concentrée sur le droit de vote et les femmes blanches de classe moyenne. Elle est donc connue sous le nom de “mouvement suffragiste”

Et la plupart d’entre nous avons déjà entendu parler des Suffragettes.

Cette première vague de militantisme féminisme va s’étendre au monde occidental en entier, donner lieu à des manifestations, des débats, des articles de journaux, la formation d’organisation de femmes etc.

Au-delà du droit de vote, elles vont également se battre pour, et obtenir, leur émancipation : pouvoir travailler, divorcer, aller à l’université etc.

Néanmoins, il faut noter que ce droit de vote a été largement obtenu en marchant sur d’autres populations marginalisées : les personnes racisées. Pour obtenir le droit de vote et le conserver, les Suffragettes n’ont pas hésité à renforcer la domination blanche et se diriger vers des opinions de suprématistes blancs.

Aux USA, les féministes du Nord des USA ont décidé de s’allier aux femmes du Sud pour faire avancer plus vite leur combat pour obtenir le droit de vote. Et pour pouvoir s’allier à ces femmes du Sud esclavagiste, elles ont donc volontairement renié les “Nègres”.

En Angleterre, les Suffragettes étaient également très proches de l’extrême-droite

En France, les motifs pour s’impliquer dans la campagne pour l’obtention du droit de vote des femmes pouvaient également être liés à la notion de « communauté », dans laquelle s’enracinait nombre d’arguments de la propagande suffragiste. Cette « communauté » était centrée sur le lien social entre individus qui s’accordaient alors sur une vision collective de la représentation politique : il s’agit de bien plus qu’une définition étroite du lien local ou du localisme. Ces femmes adversaires de la démocratie pour tous tenaient beaucoup à leur vote et, pour le défendre, elles s’accordaient sur des principes qu’on appellerait maintenant proto-fascistes, à condition d’avoir accès aux cercles dirigeants.

En gros, la rhétorique de nombreux mouvements suffragistes occidentaux était : “on est quand même plus haut qu’eux sur la hiérarchie vu qu’on est blanches donc on mérite le droit de vote”. Cela, et le fait qu’elles ont fait le choix de s’allier avec des racistes et des fascistes (hommes et femmes) pour obtenir ce qu’elles voulaient, plutôt que de s’allier avec d’autres personnes marginalisées (hommes et femmes). Elles ont fait le choix de mettre de côté les femmes racisées et de n’obtenir le droit de vote que pour elles.

Une fois que cela a été fait, c’était bon.

Les femmes blanches en France obtiennent donc un droit de vote partiel en 1918, l’égalité des droits civiques en 1928, puis le droit de vote total en 1944.

2ème vague

Simone de Beauvoir reniait l’appellation “féministe”. Pour elle, cela renvoyait aux associations suffragistes d’extrême-droite. Elle se revendiquait socialiste car convaincue que l’émancipation féminine ne pourrait se réaliser que via une société socialiste.

Cela ne fait que renforcer mon propos sur le fascisme des Suffragettes de la première vague.

Mais bon, Simone de Beauvoir n’est pas une icône à brandir puisqu’on sait qu’elle est elle-même assez problématique aussi. Parmi les choses qu’on reproche à Simone de Beauvoir, il y a une pétition dans le journal Le Monde  en 1977 qu’elle a signée avec Sartre. Publiée après un procès très médiatisé, la pétition réclame l’assouplissement des dispositions du code pénal concernant les relations sexuelles entre adultes et adolescents.

En tout cas, elle appartient à la deuxième vague féministe.

Celle-ci prend place dans les années 1960-80 et se concentre sur le renversement du patriarcat au sens large. Égalité sociale (salaire, compte bancaire, éducation), ainsi que le droit à disposer de son corps (les droits reproductifs, contraception, et l’IVG).

On assiste à l’arrivée du “Black Feminism” d’abord aux États-Unis, puis qui va se généraliser au reste du monde. Car en effet, toutes les femmes n’ont pas les mêmes droits. Les femmes racisées sont toujours exclues de la société, et même certaines femmes blanches de classes sociales inférieures.

Françoise Vergès en parle dans son livre Un féminisme décolonial. Elle y dénonce un féminisme blanc civilisationnel qui pense détenir la bonne façon d’être une femme libre et veut l’imposer à toutes, dans tous les pays du monde. C’est juste une variante de la volonté coloniale de civiliser les sauvages en les colonisant.

Le féminisme décolonial vise à atteindre la convergence des luttes, à la fois contre le sexisme, le racisme, le capitalisme, l’impérialisme. Il dénonce aussi les reliquats de l’idéologie coloniale qui structurent la société.

Il est différent du féminisme intersectionnel par contre qui tente d’aller encore plus loin en prenant en compte, en plus du racisme et du colonialisme, d’autres oppressions comme le validisme, la psychophobie, le classisme etc. Une intersection de tous les systèmes de domination. Mais bref, on en parlera plus tard.

À cette époque, on a donc le féminisme noir qui prend de la place.

Et à côté, en France, les années 1970 voient aussi se développer un « souci du passé » de la part des féministes blanches autour d’un « “paradigme du continent noir”, c’est-à-dire une critique de l’histoire comme récit (que ce soit l’histoire scientifique ou l’histoire servant de base à l’élaboration du roman national) sous l’angle de la mise en évidence de ses “oublis”, de ses “silences”, de “son continent noir” » (Charpenel 2014 : 163). Ce souci se manifeste par les références à des figures du passé, militantes ou mythiques qui participent à la lutte des femmes à travers les âges : sorcières persécutées, citoyennes tricoteuses, pétroleuses pendant la Commune, etc.

Quel toupet d’associer leur vécu à ceux des personnes afro-descendantes lorsqu’elles n’ont pas hésité à leur marcher dessus quelques années plus tôt pour obtenir le droit de vote.

Bref, je noterais aussi que le droit à l’IVG a été obtenu en partie grâce à une rhétorique eugéniste des femmes blanches de l’époque qui ont justifié le droit d’avorter dans le cas de foetus handicapés. Et il ne s’agit pas ici d’être pro-vie ou quoi que ce soit, je suis pour le droit à l’avortement. Néanmoins, il s’agit juste de pointer du doigt cet argument pas forcément nécessaire qui est profondément validiste et eugéniste. Encore une fois, un droit des femmes obtenu en marchant sur une autre communauté marginalisée, comme avec le droit de vote.

3ème vague

La troisième vague féministe identifiée dans les années 1990 regroupe des revendications hétérogènes, menées par des personnes aux parcours, cultures, origines, genre, orientations sexuelles différent-es. Néanmoins, elle permet de rendre visibles des gens jusqu’alors invisibilisées dans l’histoire des féminismes et de leurs combats, en mettant en avant l’intersectionnalité des discriminations subies par les femmes.

– les années 1990 correspondent à un renouveau du militantisme féministe autour de courants et groupes constitués par des militant·e·s né·e·s dans les années 1970, n’ayant pas connu le MLF. Ce renouveau militant se caractérise par la poursuite de certaines revendications et l’émergence de nouvelles (le droit au mariage pour les personnes de même sexe, les droits pour les personnes trans, la parité, etc.) et de nouvelles solidarités transnationales (après la conférence de l’ONU de Pékin en 1995).

Le contexte politique a changé, la fin de la guerre froide et la chute de l’URSS sont accompagnées d’un fort discrédit du marxisme qui était la matrice idéologique des années 1968. En outre, la fin des années 1990 et le début des années 2000 sont marqués par « l’exacerbation des conflits politico-religieux, du conflit israélo-arabe notamment, et l’attentat du 11 septembre 2001 [qui] n’ont fait que renforcer les oppositions, réelles ou supposées, entre émancipations et religions, et le clivage entre les Nords et les Suds » (Rochefort 2010 : 1090). Le contexte intellectuel est, lui aussi, marqué par le post-modernisme.

Le terme d’intersectionnalité, né sous la plume de la juriste afro-américaine Kimberlé Crenshaw en 1989 dans son oeuvre Demarginalizing the Intersection of Race and Sex : A Black Feminist Critique of Antidiscrimination Doctrine, Feminist Theory and Antiracist Politics montre à quel point des femmes, en tant que femmes et en tant que minorités, subissent d’autres discriminations que celles basées sur le genre : racisme, transphobie, sexisme, homophobie, lesbophobie, grossophobie, validisme… Du fait de ces multiples discriminations, chaque système de domination qui les met en place doit être combattu.

A la même époque, Judith Butler, dans Gender Trouble, publié en 1990, a exposé les différences entre sexe et genre, afin de rendre visibles les combats autour la transidentité, du concept de queerness, le fait d’avoir une identité de genre différente du sexe assigné à la naissance, etc.

L’idée de Beauvoir sur “on ne naît pas femme on le devient” où elle émet sans vraiment aller au bout de son raisonnement le concept de genre : être une femme n’est pas de naissance mais est le résultat de stéréotype de genre que l’on intègre en grandissant, est poussée par Butler dans son livre. Elle déconstruit la notion de genre, et va jusqu’à déconstruire le sexe biologique en lui-même qui lui aussi comporte son lot de préjugés.

En France, les années 1990-2000 correspondent également à des formes de remobilisation. En 1995, la grande manifestation de défense du droit à l’avortement réunit 40 000 personnes et aboutit à la création du ** Collectif national pour les droits des femmes (CNDF), pour coordonner l’action des associations féministes mais aussi des « groupes femmes », de partis politiques et de syndicats. L’institutionnalisation du féminisme permet une coordination des actions dans l’État et en dehors de l’État donc cela permet d’avancer plus vite aussi.

4ème vague

Elle se déroule principalement en ligne. #metoo etc.

La rupture générationnelle est renforcée à la fin de la décennie 2000, moment où plusieurs facteurs se conjuguent. Tout d’abord, de nouvelles associations se créent (« La Barbe » en 2008 ; « Osez le féminisme » en 2009 ; « Les Femen » en 2008 en Ukraine et 2012 en France), elles sont animées par de « nouvelles jeunes » qui ne sont pas de la même génération militante que celle qui avait porté le renouveau des années 1990. Les Femen focalisent particulièrement l’attention des médias et se revendiquent porteuses d’un militantisme qu’elles dénomment « sextremisme », en rupture avec les « vieilles féministes ». On notera que les Femen de l’époque sont les TERF d’aujourd’hui : excluantes en termes de race, de genre, de validité notamment. Parfois même aussi en termes d’orientation sexuelle.

Et en plus, il ya l’essor d’internet dans la façon dont on mène les luttes. Les outils du web servent les militantes. Parmi les événements marquants du web on a #metoo. Les luttes contre les violences sexistes et sexuelles donc, contre les féminicides. Cette vague est marquée par l’apparition de nombreux témoignages personnels et intimes qui visibilisent les expériences et aident à sensibiliser, déconstruire les stéréotypes et créer de nouveaux modes d’expression des identités.

Enfin, la rupture n’est pas seulement générationnelle elle est aussi politique. Les fortes divergences autour de la loi de 2004 sur l’interdiction des signes religieux ou sur la pénalisation de la prostitution ont renforcé les clivages. Le développement de groupes féministes qui se disent queer, inclusifs, afroféministes ou musulmans renforce l’idée que la troisième vague correspond à une mouvance plus soucieuse de la reconnaissance de la diversité sociale, raciale, sexuelle ou religieuse (Lamoureux 2006).

Nous estimons qu’il n’y a pas un mais DES féminismes, et qu’aucune vision du féminisme ne peut s’ériger en modèle universel. Le collectif se définit donc comme féministe non-excluant, favorisant la prise de parole et l’action des premièrEs concernéEs par les violences sexistes. Chaque communauté, chaque minorité en lutte contre les violences sexistes est porteuse de revendications différentes face à des oppressions multiples, et c’est à elles de déterminer comment s’en libérer - Collectif 8 mars pour toutes, page Facebook, onglet « À propos » / « Histoire »,

C’est donc une rupture générationnelle, technologique mais aussi et bien sûr politique puisque la vision du féminisme change : il n’est plus unique et civilisationnel mais pluriel et inclusif.

On parlait plus tôt de “féminisme civilisationnel” avec Françoise Vergès plus tôt.

Et je prends l’exemple du débat autour du voile en France. De nombreuses féministes blanches adoptent une attitude coloniale, civilisationnelle, de sauveuse blanche et donc par extension en général des discours racistes et islamophobes (coucou les TERF avec Dora Moutot et Marguerite Stern).

Oui, car en n’écoutant pas les femmes portant le foulard en France, et en plaquant leurs propres préjugés sur elles, elles nient leurs vécus et leur capacité à s’auto-déterminer, à décider par elles-mêmes. Leur discours est : “moi je sais ce qu’est la vraie liberté pour une femme, et je vais vous montrer”. C’est irrespectueux, infantilisant, raciste et, dans notre cas, islamophobe.

Car cela part du principe que ces femmes n’ont pas le choix de porter leur foulard, alors même que ces femmes affirment le contraire : elles l’ont choisi. C’est leur culture.

Et cela peut être différent selon les pays et les contextes. Dans d’autres pays, elles n’ont pas ce choix, et certaines veulent donc ne plus le porter.

Mais c’est bien cela le souci : une question de choix.

Plutôt que de forcer toutes les femmes à enlever le voile, on ferait mieux de s’assurer qu’elles aient toutes le choix de le porter ou pas, non ? Car sinon, on continue de dicter aux femmes quoi faire. Sauf que dans ce cas, ce ne sont pas des hommes qui les dominent, mais des femmes blanches.

Voilà donc le souci que l’on a aujourd’hui avec le féminisme blanc, et les féminismes non-intersectionnels/inclusifs de façon générale : ils renforcent des systèmes de domination et continuent de marcher sur certaines populations marginalisées à chaque fois, plutôt que de les écouter et se libérer ensemble.

Aujourd’hui quels féminismes ? Quel futur pour le féminisme ?

Sur TikTok : féminisme conservateur, raunch culture (sur-sexualisation et objectification de la femme marketé comme une reprise de pouvoir) mais souvent via le male gaze et utilisent leur image et leur sexualité pour être valorisée et se vendre donc la question est : cela reste-t’il une forme de domination ?, féminisme intersectionnel, & bad feminism de Roxane Gay.

Récemment, on observe aussi une vague de femmes attachées à l’extrême-droite qui partagent leurs idées avec ferveur. Elles parlent d’anti-féminisme, que les femmes (et les hommes) devraient ré-apprendre leur place et leur rôle dans la société. Ayla Stewart, Red Ice TV, Alpha Media “fuck islam sur son visage), Lauren Southern,

Toutes blanches, minces, souvent blondes et avec une beauté conforme aux standards de beauté. C’est une question de recrutement aussi dans leur mouvement politique.

Il n’y a pas que les influenceuses il ya aussi dans la sphère politique classique. En France on a Marine Le Pen par exemple. Elles rendent ces idées plus douces à entendre, moins menaçantes, et ce par le simple fait qu’elles sont des femmes. C’est une stratégie de communication absolument parfaite pour ce mouvement politique.

Elles ne sont pas féministes puisqu’elles participent à renforcer la discrimination et les violences sur d’autres femmes de part leur racisme et leur islamophobie bien sûr, mais, elles prétendent vouloir le bien des femmes malgré tout.

Tout comme les TERF.

D’ailleurs, ces femmes d’extrême droite sont également anti-trans, sont transphobes.

Et les glissements ils se font très rapidement car plusieurs de ces personnalités publiques traînent avec, ou ont elles-mêmes des propos pro suprématie blanche, antisémites, et eugénistes.

La tendance TikTok des “stay at home girlfriends” avec des femmes qui affirment que la place de toute femme est dans le foyer (ce serait ok si c’était que elles, mais elles affirment que c’est le mieux à faire pour une femme).

Leur peur est que la culture “blanche occidentale” s’efface. C’était entièrement centré autour de la blanchité.

On observe donc une opposition finalement entre les racistes suprématistes blancs et les autres, en faveur d’un combat féministe intersectionnel et souvent également anti-capitaliste.

Il ya effectivement une opposition entre capitalisme et socialisme. Avec les féministes libérales d’une part (sur-représentées dans les gouvernements : logique), et socialistes abotionnistes de l’autre. Et cela c’est plus du côté du gouvernement qui a 20 ans de retard dans les questions d’égalité homme-femme, et les activistes du féminisme intersectionnel.

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